
Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir Dr Khaled Filali, Dr Comlan Amouzou, Dr Behzad Mansouri et M. Fo Niemi
Le reportage de Julie Dufresne
Les facultés de médecine québécoises sont depuis plusieurs années montrées du doigt pour les difficultés d’intégration des médecins étrangers. Les gouvernements successifs à Québec ont été mis au parfum des problèmes et, malgré des efforts, les facultés continuent de limiter les accès.
« C’est clair qu’on a un immense problème. Et qu’on ne plaide pas l’ignorance. On l’a dénoncé à répétition depuis plusieurs années », déclare le président de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, Jacques Frémont, qui déplore le manque de volonté politique.
Les difficultés d’intégration des médecins étrangers au Québec ne datent effectivement pas d’hier. Le premier ministre Philippe Couillard le mettait lui-même en lumière quand il était ministre de la Santé en 2007.
« La responsabilité d’admettre les candidats étrangers dans les programmes de formation – et à mon avis, il n’y a pas assez d’admissions actuellement – relève des facultés de médecine, avait-il déclaré. La responsabilité de parrainer les candidats qui sont à l’extérieur de nos frontières pour venir au Québec relève des établissements de santé. On veut faire en sorte que les délais se raccourcissent. À mon avis, on pourrait faire beaucoup mieux. »
Programme d’intégration
Deux ans plus tard, un groupe de travail mandaté par le gouvernement Charest déposait un rapport détaillé pour trouver des solutions à ce problème.
Il recommandait entre autres de mettre sur pied un programme d’intégration professionnelle des médecins étrangers, avec des stages en milieu de travail, première étape qui mènerait à une résidence en médecine.
Le ministre de la Santé Yves Bolduc a suivi cette recommandation. Le Centre d’évaluation des diplômés internationaux en santé (CÉDIS) a été mis en place : l’organisme administre un programme et des services qui sont offerts aux médecins diplômés hors du Canada et des États-Unis.
Depuis 2011 :
- 205 médecins étrangers ont été évalués à participer à ce stage
- 73 d’entre eux ont réussi à se qualifier pour la résidence
« Oui sans aucun doute [le programme] a porté fruit », dit le président du conseil d’administration du CEDIS, le Dr Louis Dufresne.
Une « clientèle lourde »
Le Dr Dufresne a participé aux travaux qui ont mené à la création de ce programme d’intégration. Son constat : la résistance des facultés de médecine s’explique par de plus grands besoins d’encadrement de certains de ces nouveaux arrivants.
« Pour certains d’entre eux, c’est plus difficile. Ça devient une clientèle que le corps professoral juge comme étant lourde », dit-il.
Une source bien au fait du dossier nous a indiqué qu’il n’est pas rare que ces médecins étrangers prennent de 6 mois à un an de plus que prévu. Et être médecin de famille au Québec, précise cette source, nécessite une grande polyvalence que même des médecins formés en France n’ont pas nécessairement.
Éliminer la discrimination
Mais le président de la Commission des droits de la personne pense que le véritable problème, c’est la discrimination systémique que font les facultés de médecine. Le fardeau, déplore Jacques Frémont, repose sur les médecins étrangers : une enquête de la Commission pourrait être déclenchée si un seul d’entre eux déposait une plainte formelle, ce qu’aucun n’a jusqu’à maintenant osé faire, par crainte de nuire à son dossier.
Les quatre facultés de médecines québécoises ont refusé nos demandes d’entrevue. Par voie de communiqué, elles reconnaissent qu’elles doivent poursuivre leurs efforts pour pourvoir les places inoccupées. Elles offrent leur collaboration au gouvernement qui les convoquera sous peu.
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Source :
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C’est dommage, car je ne pouvais jamais imaginer que le CANADA est un pays où sévi la discrimination professionnelle. Il faut inviter la société civile et les organisations des droits de l’homme à jouer leur partition.
By: Mamadou Ndiaye / dit DJIM on 14 mars 2016
at 18 h 30 mi